Le Petit Chaperon rouge
Plongée dans une mystérieuse boîte à musique où de jeunes musiciens survoltés rejouent le conte en musique et en mouvement. Georges Aperghis réinvente « Le Petit Chaperon rouge » de Perrault avec humour, finesse et intelligence. Un spectacle magique qui déroule le fil de l’histoire tout en brouillant les pistes, suggérant que rien n’est jamais aussi simple qu’il y paraît. Les six interprètes de l’Ensemble Reflex jouent de leurs instruments, de leur voix, de leur corps, passant sans cesse d’un rôle à l’autre. Aperghis orchestre glissades, courses-poursuites et chassés-croisés de loups. Pas le temps de reprendre son souffle, comme dans un dessin animé de Tex Avery.
Pour capter cette implacable mécanique, Jean-Baptiste Mathieu a filmé le spectacle en dehors des représentations, avec plusieurs caméras, afin de “faire apparaître la magie et l’efficacité des tours de passe-passe concoctés par le compositeur et les musiciens”.
Filmer « Le Petit Chaperon rouge »
Réglée comme du papier à musique, la mise en scène de Georges Aperghis oriente et dirige considérablement l’attention du spectateur. Pour rendre fidèlement ses effets, variations et nuances, il convient d’être toujours placé au bon endroit au bon moment afin de donner à voir et à entendre comment les actions, les gestes et les musiques dialoguent ou se répondent, par quel effet et dans quel ordre ils apparaissent et disparaissent, leur existence simultanée ou contradictoire. A travers les prises de vues, il s’agit également de restituer la qualité graphique et picturale de l’ensemble, la vitesse de déplacement et d’interprétation, les fulgurances et les déséquilibres, comme les moments de calme et d’apaisement, toute la dimension magique et poétique du conte de Perrault tel que l’a revisité Georges Aperghis.
Le film commence en donnant un aperçu de la coulisse et de l’agitation fébrile qui précède le spectacle et lui donne naissance. Cette courte introduction, aux allures de conte, tend à nous faire croire que ces musiciens-comédiens jouent encore et toujours aux loups et aux chaperons rouges et que nous allons devenir les témoins indiscrets et privilégiés de ce qui se déroule désormais pour l’éternité dans leur boîte à musique.
Jean-Baptiste Mathieu